Des millions de rappels négligés
Pareil titre paru dans La Presse+ du 24 février dernier ne pouvait me laisser indifférent. Encore moins ce qui suivait : un nombre alarmant d’automobilistes ne donneraient pas suite aux avis de rappels des constructeurs. Les chiffres cités par le journaliste avaient de quoi ébranler : 47 millions de véhicules visés par un rappel circuleraient aux États-Unis sans avoir fait l’objet des réparations nécessaires. Cela équivaudrait à 1 véhicule sur 5,4, proportion qu’on retrouverait aussi au Québec!
Inquiétant ? Voyons un peu : un coussin gonflable qui ne se déploie pas lors d’un impact, la perte de contrôle d’un véhicule en raison d’un bris soudain à la suspension, un risque d’incendie pour un problème de fuite de carburant, la liste n’en finit pas. Et que dire du siège d’auto d’un enfant qui pourrait ne pas le protéger adéquatement s’il est visé par un rappel ignoré des parents ?
Présenté ainsi, on comprend vite l’importance d’être vigilant et plus responsable à ce sujet. Il faut aussi se demander ce qui peut être fait à une plus vaste échelle. Les constructeurs, par exemple, sont parfois montrés du doigt pour le manque de transparence et de rapidité à apporter les correctifs appropriés et à voir à la disponibilité des pièces nécessaires aux réparations. D’autres souhaitent que soit mis à contribution tout le potentiel des technologies : toutes ces avancées récentes pourraient-elles informer plus rapidement les constructeurs et les automobilistes de possibles problèmes ?
Nos spécialistes des services-conseils automobiles confirment qu’ils doivent souvent insister sur l’importance des rappels. Peut-être parce que ceux-ci sont nombreux et que les consommateurs ne les remarquent plus malgré leur médiatisation? Peut-être encore parce qu’un même véhicule peut changer de propriétaire plusieurs fois sans que le constructeur en soit informé, les avis de rappels se perdant alors en route ?
Devant ce constat, on peut souhaiter voir apparaître au Canada un outil aussi complet que celui offert sur Internet par la National Highway Traffic Safety Administration aux automobilistes américains. Il suffit d’entrer le numéro de série de leur véhicule pour voir d’un coup tous les rappels qui restent à faire. Cette ressource n’est cependant fonctionnelle que pour les véhicules vendus aux États-Unis. Pour CAA-Québec, Transports Canada doit mettre en place un tel guichet unique permettant aux consommateurs d’accéder rapidement et simplement à cette information de premier plan.
Entre-temps, un coup de fil à votre concessionnaire vous permettra d’avoir l’heure juste en cas de doute. N’hésitez pas : votre sécurité en dépend. ■
Richard Lachance
Président et chef de la direction