La route du véhicule autonome : sans excès de vitesse!

Au Québec, en 2050, la majorité des voitures en circulation sont autonomes. Le nombre de collisions a chuté de façon draconienne. Plus personne ne parle de congestion… Ça fait rêver ? Bien sûr, mais cela donne aussi le vertige. C’est pourquoi même si la route du véhicule autonome est prometteuse, elle doit être prise dans le respect de nos limites!
Soyons lucides, les progrès constants dans le monde de l’automobile concourent au déploiement du véhicule autonome depuis longtemps déjà. Certains se rappelleront la sensation à leur première utilisation du régulateur de vitesse... le fameux « cruise control ». Et aujourd’hui, on parle des détecteurs d’angles morts, des alertes de changements de voie, du freinage d’urgence automatique, et ça continue. À ce rythme, où en serons-nous dans trois ans?
Dérangeant? C’est peut-être que la science progresse plus rapidement que notre capacité à nous y adapter? Un fait s’avère toutefois: il est absolument normal de sentir le besoin d’être assuré que la sécurité routière ne sera jamais compromise par l’intégration de cette nouvelle mobilité.
La voiture autonome a beaucoup à offrir. Par exemple, l’ordinateur réagit plus rapidement que le meilleur des conducteurs pour éviter un obstacle. Que ce soit pour la sécurité routière et ses coûts sociaux, la congestion, l’aménagement de nos villes, la mobilité durable, etc., il y a des gains évidents. D’un autre côté, l’automatisation n’est pas synonyme d’intelligence. Une erreur de programmation et c’est la catastrophe. Une piétonne a été happée mortellement par un véhicule autonome à Phoenix; cela marque et ravive les inquiétudes.
Il y a aussi les dilemmes éthiques. Face à une collision inévitable, et en une fraction de seconde, l’ordinateur pourrait devoir décider quelles vies sont à prioriser: celles des occupants du véhicule? d’un enfant sur la chaussée? de plusieurs piétons sur le trottoir? Le meilleur geste demeure probablement celui qui sauve le plus de vies. Mais lorsqu’on est soi-même dans le véhicule avec sa famille et qu’on ne contrôle rien? Pas évident à accepter.
La cohabitation avec l’ensemble des usagers de la route et l’acceptabilité sociale des véhicules autonomes, surtout dans les premières années de leur arrivée, sont aussi importantes à considérer. À ce chapitre, la Fondation CAA-Québec s’intéresse tout particulièrement au premier projet de navette autonome électrique sur la voie publique à voir le jour au Canada, soit dans la ville de Candiac. Il s’agit d’une navette de 15 passagers qui circule de manière autonome sur une distance de 2 km… en composant avec les imprévus associés à la circulation urbaine. Rassurons-nous, un opérateur est à bord en tout temps. Mais voilà une expérience que la Fondation CAA-Québec suivra de très près. Et ce n’est que le début: la Ville de Montréal a également des projets en préparation et le gouvernement provincial la soutient ainsi que plusieurs autres joueurs du milieu.
En somme, si les défis demeurent pour en arriver à côtoyer ces véhicules sur nos routes, leur potentiel est beaucoup trop important pour qu’on néglige de s’y attarder avec ouverture et ce, dès maintenant. Mais soyons clairs: nul besoin de faire des excès de vitesse pour arriver à destination. Les enjeux sont trop immenses et le compromis de la sécurité des usagers n’est pas une option!
Édition hiver 2018