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Essai routier

NISSAN Rogue 2021

Sortez les pantoufles plutôt que les gants de pilote

12 novembre 2020

L'essentiel à retenir

Points positifs

  • Habitacle spacieux
  • Espace de chargement polyvalent
  • Roulement souple
  • Insonorisation grandement améliorée
  • Équipement généreux
  • Sièges confortables

Points négatifs

  • Direction encore vague
  • Comportement routier mou
  • Performances timides
  • Absence de version électrifiée
  • Qualité des matériaux à surveiller

Survol

Véhicule le plus populaire de Nissan Canada, et de loin, le Rogue entre dans sa troisième génération pour 2021. Impossible de ne pas remarquer la transformation stylistique, tant dehors que dedans, mais la refonte apporte aussi une plateforme et une mécanique rajeunies. Cette dernière comporte toujours un rouage intégral, que retiennent les trois-quarts des acheteurs, mais pas de motorisation électrifiée. Nissan mise plutôt sur les commodités et l’assistance à la conduite pour attirer la clientèle.

Certes, le prix de départ de 30 328$ (transport et préparation compris) dépasse de 1000$ celui de 2020, mais il donne accès à quantité de caractéristiques additionnelles. Les plus notables? Un volant chauffant, des jantes en alliage, la climatisation automatique à double zone, des phares DEL et le freinage automatique d’urgence à l’arrière. Nissan fait également «descendre» plusieurs éléments de la version haut de gamme vers la SV de milieu de gamme, comme le toit ouvrant panoramique et le système de surveillance périphérique.

Parallèlement, la finition Platine gagne de nouvelles exclusivités comme un affichage tête haute, une instrumentation numérique sur écran de 12,3 pouces et des assistances à la conduite liées au système de navigation.

C’est toujours l’usine de Smyrna, au Tennessee, qui construit le Nissan Rogue pour l’Amérique du Nord. Le même complexe assemble également la LEAF 100% électrique, mais rien n’indique que le Rogue aura droit à une motorisation à batterie avant longtemps. Les responsables de Nissan ont remâché la traditionnelle réplique «nous ne parlons pas des futurs produits» lorsqu’un journaliste les a interrogés à ce sujet, en octobre dernier, lors de la présentation du véhicule aux médias canadiens.

Verdict

L’allure musclée du Rogue 2021 vous donne envie de sortir vos gants de pilote? Optez plutôt pour une bonne paire de pantoufles et vous serez en parfaite symbiose avec le véhicule, puisque le confort et l’aspect pratique dominent clairement les qualités dynamiques. Ce n’est pas un défaut pour une navette familiale dont l’excellent rapport équipement-prix ajoute une couche d’attrait. Il reste à souhaiter que la carrosserie et l’habitacle se défraichissent moins vite que ceux des Rogue du passé.

Évaluation

Carrosserie et habitacle


Bien qu’il ait l’air plus costaud que son prédécesseur, le Nissan Rogue 2021 lui concède 4 cm en longueur et 5 cm en hauteur. Le modèle redessiné n’a plus l’air de porter un haut-de-forme comme celui qu’il remplace; malgré cela, les occupants profitent d’un espace accru pour la tête à l’arrière. En fait, tous les dégagements sont similaires ou supérieurs à ceux de l’ancien modèle. 

Cela se confirme lorsqu’on prend place dans la cabine. Le côté pratique brille, tant par l’espace que l’accès facile – les portières arrière s’ouvrent à 85 degrés, ce qui aide énormément à installer des enfants dans leurs sièges d’appoint. Le volume de chargement figure aussi parmi les plus imposants de la catégorie, avec ceux du Honda CR-V et du Toyota RAV4.

Le coffre du Rogue se distingue par ses parois en moquette, qui résisteront beaucoup mieux aux affres du temps que le plastique bon marché de ses rivaux. Le système Divide-N-Hide permet toujours de configurer l’espace de plusieurs manières, mais il est réservé à la version Platine, tout comme l’ouverture mains libres du hayon. 
C’est justement ce modèle que nous avons évalué, et Nissan y a mis le paquet au chapitre de la finition. Cuir matelassé, similibois d’aspect zébré, coutures apparentes et nombreuses surfaces souples plaisent tant à la vue qu’au toucher. Souhaitons que ces matériaux flatteurs gardent plus longtemps leur superbe que ceux de l’ancienne version, qui affichaient souvent des traces d’usure évidentes après une location de quatre ans. 

Nous n’avons jamais pu vérifier si les sièges avant «zéro gravité» s’apparentent effectivement à ceux d’un vaisseau spatial, comme l’évoque régulièrement le constructeur. Quoi qu’il en soit, leur rembourrage généreux et leurs formes enveloppantes les rendent très confortables pour une variété de gabarits. La position de conduite, la simplicité des commandes et l’abondance d’espace de rangement facilitent toutes la vie à bord. 

Qu’il mesure 8 pouces (S et SV) ou 9 (Platine), l’écran tactile réagit sans délai et il s’accompagne de boutons et molettes fort utiles pour accéder aux fonctions principales. Tous les modèles proposent Android Auto et Apple CarPlay, mais seul le Platine permet d’activer l’interface d’Apple ou de recharger son appareil sans brancher de câble. Il propose aussi en exclusivité une instrumentation 100% numérique et un affichage tête haute aussi attrayants que bien conçus.

Des reproches? Le nouveau sélecteur de vitesses électronique libère de l’espace sous la console, mais il n’est pas aussi facile à manipuler qu’un levier quand ça presse, par exemple dans un stationnement bondé. Ladite console pèche également par excès de largeur, ce qui réduit l’espace pour les genoux. On peut aussi s’étonner de l’absence de sièges avant ventilés au catalogue, d’autant plus que leurs garnitures sont déjà perforées dans la version Platine. En revanche, les occupants arrière profitent de places latérales chauffantes et d’un réglage distinct de la température ambiante, une première parmi les utilitaires compacts.

Sécurité


Tous les Nissan Rogue comportaient déjà, depuis quelques années, la surveillance des angles morts, une alerte de circulation transversale arrière et le freinage automatique d’urgence. Pour 2021, le constructeur greffe à ce dernier la détection des piétons, en plus d’inclure dans toutes les variantes une alerte de sortie de voie, l’allumage automatique des feux de route et le freinage automatique d’urgence en marche arrière.

Le régulateur de vitesse adaptatif et le système de suivi de voie, qui forment l’ensemble ProPilot Assist, sont désormais de série dès la version SV. Le grade Platine en ajoute une nouvelle couche, qui lie le système au GPS afin d’allouer l’ajustement aux limites de vitesse et la décélération en virage (automatiques ou sur demande, au gré du conducteur).

Aucun de ces dispositifs ne remplace la vigilance de l’automobiliste, particulièrement par mauvais temps, alors que plusieurs fonctions flanchent encore facilement. Ils peuvent néanmoins rendre service, voire contribuer à éviter des collisions dans certains cas.

La présence de 10 coussins gonflables dans tous les modèles, et d’un coussin supplémentaire qui se gonfle entre les sièges avant de la version Platine en cas de choc latéral, promet une bonne sécurité passive.

Résultats aux tests de protection à l'impact


National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA)
Note globale: 4 / 5
Frontal: 4 / 5
Latérale: 5 / 5
Capotage: 4 / 5

Insurance Institute For Highway Safety (IIHS)
Frontal: 4 / 4
Frontal à faible chevauchement:
- côté conducteur: 4 / 4
- côté passager: 4 / 4
Latéral: 4 / 4
Arrière: 4 / 4
Résistance du toit: 4 / 4

Parmi les meilleurs de la catégorie

Mécanique

Nissan assure avoir renouvelé la plateforme du Rogue pour 2021, quoique l’empattement soit rigoureusement identique à celui de l’ancienne génération. Chose certaine, l’utilisation accrue d’acier à ultra haute résistance et d’aluminium a fait grimper la rigidité de 27% et diminuer la masse de 40 kg. Le constructeur a par ailleurs révisé la suspension arrière et la direction dans l’objectif d’améliorer la maniabilité. Plus aérodynamique qu’avant, la caisse dissimule plusieurs astuces vouées à améliorer l’insonorisation.

Malgré son expertise en électrification, Nissan a choisi de ne pas offrir de motorisation à électrons dans son VUS compact. Cette technologie aurait sûrement gonflé le prix, mais elle aurait aussi démarqué le Rogue dans sa catégorie très compétitive. Ford, Mitsubishi et Toyota se feront un plaisir d’accueillir la clientèle avide de rouages électrifiés. 

Le Rogue conserve donc le quatre cylindres de 2,5 litres qui l’anime depuis ses tout débuts. Il s’agit, en fait, d’un moteur renouvelé qu’a étrenné la berline Altima en 2019. Le recours à l’injection directe de carburant et une série d’autres changements ont fait passer la puissance de 170 à 181 chevaux, et le couple, de 175 à 181 livres-pied. En prime, ce dernier donne sa pleine mesure à 3600 tr/min, soit 800 tr/min de moins qu’avant.

Selon Ressources naturelles Canada, la consommation combinée ville-route s’établit à 8,3 L/100 km, en baisse de près de 5%; elle place le Nissan Rogue 2021 dans la bonne moyenne de son segment. 

La transmission à variation continue demeure essentiellement la même, sauf pour quelques changements internes voués à accroître son rendement. Elle propose maintenant une fonction manuelle qui simule huit rapports préprogrammés. Autre nouveauté: la présence dans toute la gamme de trois modes de conduite (Standard, Eco et Sport), auxquels s’ajoutent les programmes Snow (neige) et Off-Road (tout-terrain) avec le rouage intégral.

Retenu par 75% des acheteurs, ce dernier comporte dorénavant un embrayage électrohydraulique censé accélérer le transfert de couple vers l’arrière lorsque le train avant perd de l’adhérence.

Impressions de conduite

Nous avons échantillonné le nouveau Nissan Rogue sur plus de 250 km lors d’un aller-retour de Montréal à Saint-Sauveur à la fin d’octobre dernier. Si nous avons suivi l’habituelle autoroute des Laurentides pour regagner la métropole, nous avons emprunté une route beaucoup plus secondaire – pour ne pas dire tertiaire – afin de nous rendre «dans le Nord». Parsemé de courbes serrées, de bosses, de crevasses et de pentes abruptes, le chemin qui mène de Wentworth-Nord à Morin Heights met rapidement en lumière les qualités et faiblesses dynamiques de n’importe quel véhicule. 

Dans le cas du Rogue, cette véritable courte-pointe a surtout fait briller l’aptitude de la suspension à avaler les défauts de la chaussée. Ce roulement doux s’harmonise bien avec le confort des sièges et l’insonorisation réellement améliorée pour 2021. Si vous recherchez avant tout un utilitaire serein, celui de Nissan vous servira aussi bien que ses prédécesseurs. 

Cela signifie également qu’il n’entraînera pas de grandes palpitations dans une enfilade de virages. La tenue de route est sûre, mais la caisse s’incline encore trop pour satisfaire un enthousiaste du volant. Dans le même esprit, la direction pèche toujours par excès de légèreté, bien que cela n’enlève rien à sa précision. Bref, les sensations de conduite demeurent plutôt diluées malgré les réglages plus serrés qu’évoque Nissan. 

Le groupe motopropulseur produit le même effet banal en dépit de sa cure de rajeunissement. Le moteur s’essouffle assez vite en terrain montagneux et la transmission accuse encore un certain délai en forte accélération – par exemple, lorsqu’on entre sur l’autoroute ou qu’on remet les gaz après une courbe prononcée. Contrairement à plusieurs concurrents, Nissan ne propose aucune option plus pimentée sous le capot de son VUS compact. 

Qu’on se rassure cependant: le caractère placide du Nissan Rogue convient parfaitement à la conduite en ville, sur un grand boulevard de banlieue ou sur l’autoroute. Les systèmes d’aide à la conduite demeurent plutôt intrusifs même si Nissan prétend les avoir adoucis, mais heureusement, ils sont faciles à configurer. 

Au bout du compte, l’agrément de conduite du Nissan Rogue 2021 se trouve dans cette aisance d’utilisation plutôt que dans des prouesses dynamiques comme celles d’un Ford Escape ou d’un Mazda CX-5.

Fiche technique