
MITSUBISHI Eclipse Cross 2018
Quelques kilomètres suffisent pour découvrir un VUS modernisé aux bonnes manières
L'essentiel à retenir
Points positifs
- Comportement routier engageant
- Direction précise
- Roulement conciliant
- Insonorisation réussie
- Cabine logeable
- Garantie imbattable
Points négatifs
- Système multimédias complexe
- Coffre restreint
- Freinage automatique d’urgence peu accessible
- Visibilité arrière réduite
- Prix élevé
Survol
L’Eclipse Cross constitue le premier tout nouveau produit de Mitsubishi depuis l’arrivée du RVR, en 2011. Ironiquement, il s’agit probablement du dernier véhicule conçu à 100% par le petit constructeur japonais avant que ne s’invitent dans la gamme des composantes de l’alliance Renault-Nissan, qu’a jointe Mitsubishi en 2017.
Ce VUS utilise une version largement révisée de la plateforme des RVR et Outlander, entre lesquels il s’insère dans le catalogue de Mitsubishi. Muni de série de la traction intégrale, l’Eclipse Cross inaugure un quatre cylindres turbo de 1,5 litre qui fera éventuellement son chemin dans d’autres modèles de la marque aux trois diamants.
Mitsubishi construit l’Eclipse Cross au Japon, comme tous les autres véhicules qu’il commercialise ici à l’exception de la Mirage (assemblée en Thaïlande).
Verdict
L’Eclipse Cross constitue une belle surprise de la part du plus petit constructeur sur notre marché. Tant le comportement dynamique que le moteur bien adapté rendent la conduite plaisante pour un VUS. Le roulement confortable ainsi que l’habitacle logeable et silencieux agrémentent aussi les balades tranquilles. Au prix demandé, on serait toutefois en droit de s’attendre à davantage de sécurité avancée, de polyvalence et de convivialité technologique.
Évaluation
Carrosserie et habitacle
Le Mitsubishi Eclipse Cross s’inscrit entre le RVR et l’Outlander en ce qui a trait au prix, mais son format le rapproche beaucoup plus du RVR, qui ne lui concède que 4 cm en longueur et en hauteur. D’ailleurs, les chiffres du constructeur donnent généralement l’avantage au plus petit des deux pour l’espace intérieur.
Qu’on se rassure tout de suite : l’écart est imperceptible quand on monte dans l’habitacle. L’Eclipse Cross se montre accueillant pour quatre adultes, une qualité plus rare qu’on pourrait le croire pour un VUS de ce segment. En prime, les sièges avant dosent bien le confort et le soutien, assurément mieux que les baquets plats de l’Outlander. La position de conduite rappelle celle d’une familiale surélevée comme une Volkswagen Golf Alltrack; elle s’avère agréable en dépit de l’absence de réglages pour le soutien lombaire et l’angle du coussin.
La banquette arrière est suffisamment haute et rembourrée pour bien soutenir les cuisses. On peut faire coulisser ses deux sections de l’avant vers l’arrière pour augmenter l’espace de chargement, mais cela crée un trou béant qu’aucun panneau ne recouvre. Une fois rabattus, les dossiers forment un angle avec le plancher du coffre au lieu d’une surface plane; cela réduit la polyvalence attendue d’un VUS. Avec la banquette en place, l’espace cargo figure dans la bonne moyenne des utilitaires sous-compacts. Il est toutefois inférieur à celui des Hyundai Tucson, Kia Sportage et Mazda CX-5 que Mitsubishi cible comme principaux concurrents.
Assez bien finie, la cabine prêterait peu flanc à la critique si ce n’était des commandes du système d’infodivertissement. Tous les modèles sont munis d’un écran tactile de 17,8 cm (7 pouces) juché sur le dessus du tableau de bord, comme le veut la mode actuelle. Cet écran ne manque ni de clarté ni de détails, et il propose de série le duo Apple CarPlay/Android Auto. La structure inhabituelle de ses menus exige toutefois une bonne dose d’adaptation. Et quoi qu’en dise Mitsubishi, le pavé tactile installé à côté du levier de vitesse est loin de sauver la mise. Pourquoi s’évertuer à créer des interfaces complexes alors que quelques molettes et boutons « physiques » facilitent tellement la tâche?
Sur une note plus positive, la version GT propose un système de visualisation à tête haute qui projette les principaux renseignements de la conduite dans le bas du pare-brise. Jadis l’apanage de véhicules de luxe, ce pratique équipement fait son chemin chez un nombre croissant de constructeurs depuis que Mazda l’a intégré à la gamme de la Mazda 3 en 2014.
Sécurité
L’Eclipse Cross propose les équipements de sécurité de pointe les plus courants tels l’alerte de suivi de voie, le régulateur de vitesse adaptatif et le freinage automatique d’urgence (FAU) avec détection des piétons. Hélas, Mitsubishi les offre de série seulement dans la version GT, la plus chère du lot. Il faut opter pour le coûteux groupe Tech (2000 $) afin de les obtenir dans la version SE de milieu de gamme, tandis que les acheteurs de la version ES de base doivent s’en passer. Puisque l’industrie s’est engagée à fournir le FAU de série dans tous les véhicules en 2022, nous croyons que Mitsubishi aurait dû l’inclure dans tous les Eclipse Cross dès son lancement.
Résultats aux tests de protection à l'impact
L'américaine National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) n’a pas encore évalué la protection contre l’impact de l’Eclipse Cross. L’Insurance Institute for Highway Safety lui a décerné la note maximale pour les tests d’impact latéral, frontal à chevauchement modéré et frontal à faible chevauchement. Les Mitsubishi RVR et l’Outlander, qui ont la même plateforme, ont reçu une note respectivement acceptable (3/4) et bonne (4/4) pour cet aspect de l’évaluation.
Insurance Institute For Highway Safety (IIHS)
Frontal: 4 / 4
Frontal à faible chevauchement:
- côté conducteur: 4 / 4
- côté passager: 4 / 4
Latéral: 4 / 4
Arrière: 4 / 4
Résistance du toit: 4 / 4
Mécanique
Il y avait longtemps que Mitsubishi n’avait pas conçu un nouveau moteur, du moins pour le marché nord-américain. Il est donc rafraîchissant d’en trouver un sous le capot de l’Eclipse Cross, d’autant plus qu’il respecte les toutes dernières tendances des motorisations thermiques.
Autrement dit, il s’agit d’un quatre cylindres de petite taille, muni d’un turbocompresseur et de la double injection de carburant (à la fois dans la chambre de combustion et directement dans les cylindres). Sa cylindrée de 1,5 litre en fait un émule de moteurs déjà commercialisés par Ford, General Motors et Honda, entre autres. Ses 152 chevaux sont légèrement inférieurs à ce que propose la concurrence, mais son couple de 184 livres-pied vise dans le mille. Comme pour la plupart des moteurs turbo, cette force motrice maximale plafonne à un régime assez bas (de 2000 à 3500 tours/minute) qui sied bien à la conduite quotidienne.
Cette motorisation moderne s’associe exclusivement avec une transmission à variation continue. Bien de son temps, la boîte simule les rapports d’une automatique traditionnelle en forte accélération pour éviter de tenir trop longtemps le moteur à haut régime. Un mode manuel permet d’accéder à huit vitesses préprogrammées à l’aide de longues palettes fixes derrière le volant (version SE et GT) ou du levier de vitesses (toutes les versions).
L’Eclipse Cross arrive au Canada avec un rouage intégral de série. Sage décision qui augmente l’attrait du modèle, certes, mais qui contribue également à son prix de base élevé. Très efficace, le système de Mitsubishi peut faire varier la puissance non seulement de l’avant vers l’arrière, mais aussi sur les roues d’un même essieu. En plus d’un mode automatique normal, le rouage propose les programmes « Snow » et « Gravel » conçus pour mieux s’adapter à des routes à faible coefficient d’adhérence.
Sur papier, la suspension indépendante aux quatre roues et la direction à assistance électrique ressemblent fort à celles des Outlander et RVR. Or, la plateforme plus rigide de l’Eclipse Cross a permis au constructeur de revoir tous les réglages mécaniques pour favoriser un meilleur équilibre entre le confort et la tenue de route.
Impressions de conduite
Quelques kilomètres au volant de l’Eclipse Cross suffisent pour qu’on constate à quel point il est plus moderne que ses cousins RVR et Outlander.
Le nouveau moteur anime le véhicule avec suffisamment d’entrain, sans s’essouffler à la moindre pente. Il n’est pas un modèle de silence, particulièrement en forte accélération, mais son raffinement n’a rien à envier à la concurrence. Nous l’avons même trouvé plus discret que la combinaison du moteur de 1,5 litre turbo de Honda et d’une boîte automatique.
Parlant de transmission, celle de l’Eclipse Cross réagit promptement aux sollicitations du pied droit ainsi qu’aux changements de relief. Elle évite complètement l’effet d’élastique longtemps associé aux boîtes à variation continue de Mitsubishi. Elle ne réussit toutefois pas à susciter autant d’engagement qu’une automatique traditionnelle, même lorsqu’on a recours au mode manuel : le passage des rapports simulés n’est tout simplement pas assez marqué.
Il est dommage que la transmission gomme la sensation de puissance, puisque les réglages du châssis invitent à une conduite enjouée. L’Eclipse Cross s’inscrit en virage de manière incisive, en évitant le piège du sous-virage qui guette tant de petits VUS. À l’inverse, le rouage intégral bien proportionné permet même une certaine dose de « pilotage à l’accélérateur » comme dans un véhicule à propulsion... si on le désire, bien sûr, et sans que la sécurité soit menacée. La direction communique bien le travail des roues avant, tandis que la caisse penche de manière raisonnable en courbe.
Cette tenue de route dynamique va de pair avec un roulement ferme sans être dur. Si nous devions adresser un reproche au nouveau venu de Mitsubishi, ce serait sa tenue de cap moyenne à vitesse de croisière. En toute justice, notre essai s’est déroulé pendant une journée très venteuse et vaguement neigeuse du début d’avril, au nord-ouest de Toronto. Le portrait pourrait changer avec des conditions plus calmes.
Pour tout dire, les bonnes manières de l’Eclipse Cross nous ont agréablement surpris compte tenu de la démarche placide de l’Outlander et du comportement carrément lâche du RVR. Il reste à évaluer la consommation d’essence, qui nous a semblé plutôt élevée durant notre court essai.