
GENESIS GV60 2023
Le VUS 100% électrique n’usurpe nullement l’étiquette luxueuse que lui attribue Genesis
L'essentiel à retenir
Points positifs
- Puissance impressionnante
- Comportement routier engageant
- Silence de roulement remarquable
- Excellent rapport prix-équipement
- Finition impeccable
- Commandes relativement simples
Points négatifs
- Autonomie ordinaire pour la catégorie
- Places arrière peu accueillantes
- Long rayon de braquage
- Visibilité limitée (sauf vers l’avant)
- Absence d’essuie-glace arrière
- Non admissible aux rabais gouvernementaux
Survol
À peine cinq ans après son entrée en scène, Genesis lance son premier modèle 100% électrique en Amérique du Nord. Le Genesis GV60 repose sur la même plateforme que le populaire Hyundai IONIQ 5, mais il pousse la mécanique, les performances et la technologie beaucoup plus loin que son cousin germain. De plus, il propose de série la traction intégrale, si prisée des acheteurs de véhicule de luxe. Officiellement en vente dès la fin mai, le GV60 faisait déjà l’objet de 1500 commandes au début du même mois.
Selon le vice-président exécutif de Genesis Canada, Lawrence Hamilton, il pourrait falloir jusqu’à un an pour satisfaire cette demande initiale. Il faudra cependant voir si toutes ces commandes tiendront lorsque les candidats apprendront que le GV60 n’est pas admissible aux subventions gouvernementales pour les véhicules électriques (VE). Le prix de départ de 71 000$ dépasse largement le seuil maximal de 60 000$ fixé par Ottawa pour les utilitaires sport et par Québec pour tous les VE confondus.
Certains concurrents du Genesis GV60 sont dans la même situation, comme le BMW iX, le Tesla Model Y et le Volvo C40 Recharge. En revanche, l’Audi Q4 e-tron, le Polestar 2 et le Volvo XC40 Recharge se qualifient tous pour au moins une des deux remises.
Cela influencera-t-il le choix des acheteurs cibles? Probablement pas s’ils reluquent une version haut de gamme de n’importe lequel de ces modèles, puisqu’elle ne donnerait pas accès aux rabais de toute manière. À ce bout du spectre, les 79 000$ que demande Genesis pour un GV60 Performance paraissent plus que raisonnables, d’autant plus qu’ils incluent l’entretien, un service de voiturier et une connexion télématique pendant cinq ans.
Le Genesis GV60 est assemblé en Corée du Sud, tout comme le Hyundai IONIQ 5 le Kia EV6.
Verdict
Le Genesis GV60 n’est peut-être pas aussi pratique qu’un Hyundai IONIQ 5, mais il pousse le raffinement plusieurs crans plus loin que son cousin de marque populaire. Attrayant à l’extérieur, chaleureux à l’intérieur, dynamique sur la route et extrêmement silencieux, ce nouveau venu n’usurpe nullement l’étiquette luxueuse que lui attribue Genesis. Il reste à voir comment le public percevra l’autonomie, inférieure à la barre psychologique des 400 km, et si le prix attrayant compensera le déficit de notoriété qui entoure encore la marque.
Évaluation
Carrosserie et habitacle
À la fois tendue et épurée, la silhouette du Genesis GV60 ne trahit aucunement sa parenté avec le Hyundai IONIQ 5. D’ailleurs, le GV60 est plus court de 13 cm que son cousin prolétaire, avec un empattement inférieur de 10 cm. Genesis ne vise clairement pas la même clientèle familiale que Hyundai, puisque son nouveau modèle est à peine plus volumineux que certains utilitaires dits sous-compacts.On le remarque rapidement aux places arrière: l’arc prononcé du toit limite le dégagement pour la tête, les pieds d’un adulte ne peuvent glisser sous les sièges avant et la banquette trop basse soutient mal les cuisses. L’espace pour les jambes est toutefois décent et les commodités comprennent des places latérales chauffantes, des bouches de ventilation, des ports de recharge USB et des pare-soleil rétractables dans les portières.
Étrangement, le plancher du coffre nous a paru plus bas que dans l’IONIQ 5. Il en résulte un espace de chargement étonnant pour un véhicule long comme une compacte à hayon. Lorsqu’on les abaisse, les dossiers arrière forment d’ailleurs une surface presque plane avec ce plancher. Genesis a opté pour exposer les arches de roues plutôt de les dissimuler derrière des parois latérales linéaires, ce qui augmente la largeur utilisable.
Justement, les côtés du coffre constituent la seule faute de finition visible du GV60, puisqu’ils sont en plastique dur et facile à égratigner. Ailleurs dans l’habitacle, le cuir Nappa côtoie des matériaux de source écologique aussi plaisants à l’œil qu’au toucher. En plus du classique amalgame de gris foncé et de noir, Genesis propose aussi des teintes claires et un thème marine selon les couleurs extérieures.
Les sièges avant n’ont pas seulement fière allure; ils comportent une panoplie de réglages, encore plus du côté conducteur de la version Performance. Dans ce dernier cas, les appuis latéraux réglables garantissent un excellent soutien en virage. La variante haut de gamme propose aussi une fonction de massage aux deux occupants avant. En plus d’éléments chauffants aux quatre places latérales et dans le volant, des baquets avant ventilés sont livrés dans chaque GV60.
Comme dans l’IONIQ 5, l’instrumentation et les données de conduite s’affichent dans un écran de 12,3 pouces clair et paramétrable à loisir. Il vaut toutefois mieux étudier le fonctionnement de l’ordinateur de voyage et des commandes au volant avant de démarrer, puisqu’il n’est pas très naturel.
Un second écran de même taille tient lieu de système multimédia. On peut y naviguer avec une molette sur la console ou de façon tactile, bien que sa moitié droite se trouve assez loin du conducteur. Le graphisme, le temps de réponse et l’organisation de l’information se démarquent dans un segment où la confusion règne trop souvent. Une série de touches physiques permettent de passer d’une fonction principale à l’autre avec aisance. Un bémol: l’utilisation d’Android Auto et d’Apple CarPlay requiert l’utilisation d’un câble, alors que bon nombre de véhicules offrent aujourd’hui une connexion sans fil.
En revanche, le GV60 comprend le premier système de déverrouillage par reconnaissance faciale sur le marché. Il a fallu trois tentatives pour que l’ordinateur identifie le visage de votre humble serviteur au moment de l’enregistrer, mais la technologie a fonctionné sans heurt par la suite. Une fois dans l’habitacle, l’empreinte de l’index remplace la clé. Genesis assure que les données reliées à ces dispositifs s’enregistrent seulement dans le véhicule, et non sur un serveur externe, mais nous n’avons aucun moyen de vérifier cette affirmation. Nous avons facilement pu les supprimer à la fin de notre essai.
Le véhicule se distingue aussi par ses nombreuses commodités de série, y compris un chargeur sans fil pour appareil mobile, un toit vitré fixe et la possibilité d’utiliser la batterie pour alimenter des appareils domestiques.
Sécurité
Fidèle à son approche «tout inclus», Genesis équipe tous les GV60 de l’immense majorité des dispositifs d’assistance à la conduite sur le marché. Les seules caractéristiques réservées à la version Performance sont les caméras de surveillance périphérique, l’affichage de l’angle mort dans l’instrumentation et le freinage automatique d’urgence à l’arrière. La vigilance de la personne au volant demeure toujours essentielle malgré toute technologie.Fait à noter, le Genesis GV60 est dépourvu d’essuie-glace arrière, tout comme les IONIQ 5 et Kia EV6 issus de la même plateforme que lui. Cette omission s’est avérée désastreuse l’hiver pour l’IONIQ 5, mais la présence d’un aileron arrière de bonne taille sur le GV60 et le profil plus horizontal de sa lunette pourraient limiter les conséquences pour le Genesis. Souhaitons-le, puisque la visibilité arrière et sur les côtés laisse déjà à désirer.
Résultats aux tests de protection à l'impact
Insurance Institute For Highway Safety (IIHS)Frontal: 4 / 4
Frontal à faible chevauchement:
- côté conducteur: 4 / 4
- côté passager: 4 / 4
Latéral: 4 / 4
Arrière: 4 / 4
Résistance du toit: 4 / 4
La protection contre l’impact du Genesis GV60 2023 n’a pas encore été évaluée par l'américaine National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA).
Mécanique
Malgré son empattement inférieur de 10 cm à celui de l’IONIQ 5, le Genesis GV60 accueille sous son plancher la même batterie de 77,4 kWh que son cousin. Cet accumulateur au lithium-ion-polymère confère une autonomie de 399 km à la version Advanced, dont la puissance de 314 chevaux et le couple de 446 livres-pied correspondent à peu près à ceux de l’IONIQ 5 à traction intégrale.La variante Performance affiche le même couple que l’Advanced, mais sa puissance s’établit à 429 chevaux. La raison? Elle emploie une paire de moteurs électriques identiques de 160 kW – un par essieu –, tandis que l’Advanced se contente d’un moteur avant de 74 kW. Le GV60 Performance propose en plus un mode «Boost» qui gonfle la puissance à 483 chevaux et le couple à 516 livres-pied.
Saisissant, l’effet dure pendant 10 secondes au toucher d’un bouton sur le volant. Genesis assure qu’on peut répéter l’expérience sans limite autre qu’une baisse plus rapide de l’autonomie – déjà réduite à 378 km dans le cas du modèle Performance, plus lourd et puissant que l’Advanced.
À notre avis, ces 21 km perdus sont un faible prix à payer pour profiter des caractéristiques mécaniques exclusives de la version haut de gamme. Parmi elles figurent un différentiel arrière à blocage électronique, une suspension à amortissement adaptatif ainsi que des disques de frein agrandis, ventilés aux quatre roues.
Ressources naturelles Canada (RNCan) n’a pas encore publié la fiche du GV60, mais l’organisme annonce souvent une consommation d’énergie et un temps de recharge supérieurs à ceux qu’affichent les constructeurs. Pour l’heure, le constructeur prévoit une durée de 7h5 pour passer de 10% à 100% de la capacité avec une borne de 240 volts cadencée à 48 ampères. À titre informatif, Hyundai indique 6h43 pour la même batterie dans l’IONIQ 5, alors que RNCan dit 8h30.
D’après Genesis et sa maison mère, leur batterie de 77,4 kWh nécessiterait aussi peu que 18 minutes pour sauter de 10% à 80% sur l’une des rares bornes publiques de 350 kW. Le même exercice prendrait 1h13 sur une borne de 50 kW. Nous vérifierons ces promesses lorsque nous conduirons le GV60 sur nos routes, particulièrement l’hiver, alors que l’autonomie des VE baisse généralement de 30% à 50% et que leur recharge ralentit.
Selon l’ordinateur de trajet, notre essai s’est soldé par une consommation de 21,8 kWh/100, soit l’équivalent de 2,5 L/100 km. Ce résultat équivaut à peu près à la cote combinée ville-route qu’annonce Genesis. Nous ne nous sommes pourtant pas privés d’exploiter les généreuses ressources des moteurs; en revanche, nous avons toujours roulé en mode de récupération d’énergie maximale au moment de lever le pied. L’indicateur d’autonomie, lui, a baissé de 239 km alors que nous en avons parcouru 202.
Impressions de conduite
Certains véhicules de Genesis sont placides, comme les G80 et GV80. Cependant, le Genesis GV60 se chauffe du même bois que les G70 et GV70, qui mettent l’agrément de conduite à l’avant-plan.Le dynamisme du GV60 s’est rapidement imposé sur les routes sinueuses et vallonnées à souhait où nous l’avons essayé, dans la région d’Austin, au Texas. Nullement intimidé par une succession de virages serrés, le véhicule y tient habilement la route en s’inclinant très peu. La combinaison du rouage intégral et du différentiel arrière à glissement limité garantit une motricité sans faille, en plus d’annuler toute trace de sous-virage.
Comme pour la plupart des véhicules électriques, la position de la batterie sous le plancher abaisse le centre de gravité, ce qui participe à l’excellente stabilité. Très précise, la direction transmet d’honnêtes sensations de la route grâce à son assistance bien dosée. Elle trahit toutefois un rayon de braquage indécent pour un véhicule si court; nul doute que les énormes pneus de 21 pouces de la version Performance en sont partiellement responsables.
Conçus spécifiquement pour le GV60, ces mêmes pneumatiques contribuent toutefois à un silence de roulement exceptionnel pour un VE. Seuls de faibles bruits de vent au-dessus du toit vitré troublent la quiétude de l’habitacle. Cette sérénité provient aussi du confort qu’assure la suspension adaptative, en dépit de l’aplomb qu’elle procure en virage. L’efficacité du freinage régénératif permet d’ailleurs de conduire sans presque toucher aux freins, à moins de piloter sur le fil du rasoir.
Maintenant, le dessert: la vigueur de la version Performance accroche immédiatement un sourire au visage. Les accélérations sont non seulement instantanées, comme dans tout VE, mais elles plaquent littéralement les occupants dans leur siège. Et que dire du mode Boost, sinon qu’il ne faut pas en abuser, sous peine de créer des nausées à un équipage non averti.
Nous avons très hâte de conduire le GV60 sur notre réseau routier et dans notre climat… disons… plus exigeants que ceux du Texas, question de confirmer (ou d’infirmer) ce premier contact gratifiant, faible consommation d’énergie comprise.