Encadrer le covoiturage sans le décourager
Mode de transport de choix permettant la mobilité efficace des Québécois, le covoiturage mériterait de se développer davantage, d’autant qu’il contribue à réduire la congestion routière et à diminuer les émissions de polluants. Imaginez, environ 70 % des déplacements des Québécois se font présentement en automobile. Or, le taux d’occupation moyen était, en 2013, de 1,2 personne par véhicule.
Certains événements récents pourraient inquiéter les automobilistes et freiner leur élan pour le covoiturage. Par exemple ce reportage de La facture, diffusé en février dernier. On y relatait l’expérience d’une dame qui s’était vu infliger, par le Bureau du taxi de Montréal, une contravention de 502 $ pour avoir facturé 20$ à des passagers effectuant avec elle un trajet de 150 kilomètres. À lui seul, ce reportage mettait en évidence deux aspects du covoiturage encore nébuleux.
Il serait dommage de décourager le covoiturage à un moment où les technologies sont plus que jamais en mesure de faciliter et d’améliorer cette bonne pratique.
D’abord la notion même de covoiturage n’est pas clairement définie par la loi. L’actuelle Loi sur les transports en parle certes, mais cela sans fournir de définition précise. Le consommateur est pourtant bien en droit de savoir dans quelles limites la pratique du covoiturage reste légale.
La question du partage des frais peut aussi ne pas être évidente. Certains sites de covoiturage suggèrent des balises, et le calculateur des coûts d’utilisation, que propose la CAA et qui est accessible depuis caaquebec.com, peut aussi contribuer à voir plus clair à ce sujet (sous réserve de la précision faite en page 28!). Tout cela peut aider, mais dans un contexte de libre marché, l’idéal reste de laisser les gens s’entendre entre eux.
Tôt ou tard, le gouvernement devra revoir sa façon d’encadrer ces pratiques. Le transport des personnes vit d’impor tantes transformations. Le transport collectif ne peut être la solution à tous les problèmes de congestion routière, et la géographie québécoise pèse lourd dans les besoins en transport interrégional. La venue de nouveaux joueurs et l’évolution des technologies forcent aussi à réagir.
Oui, le contexte évolue, les besoins du consommateur aussi. Sauraton stimuler le covoiturage tout en lui laissant la souplesse nécessaire ? Il serait dommage de décourager les covoitureurs à un moment où les technologies sont plus que jamais en mesure de faciliter et d’améliorer cette bonne pratique. L’adoption – très attendue – de la nouvelle politique de mobilité durable serait une belle occasion.
Une chose est sûre, le gouvernement doit lancer un message clair aux automobilistes : ne craignez pas de faire du covoiturage !