Services aériens : les voyageurs perdent au change

Une ville bien desservie en matière de services aéroportuaires représente un avantage indéniable à bien des égards. Or, plusieurs défis se profilent à l’horizon, notamment en région, où le service est loin d’être optimal et les prix sont élevés. Mais Québec et Montréal ont aussi leurs enjeux, et c’est un peu la même chose dans tout le Canada. Taxe de ceci, frais de cela, lourde réglementation... Au bout du compte, le système actuel empêche l’industrie de prendre son envol, privant les voyageurs de meilleurs dessertes et de prix plus compétitifs.
Le système canadien est très différent de celui des États-Unis. Détenus et exploités par le gouvernement fédéral jusqu’aux années 1990, nos aéroports sont dorénavant gérés par des entités locales et ne bénéficient pas de subventions comme nos voisins du sud. Bref, ils « volent » par eux-mêmes. Résultats? Les taxes, frais et redevances sont beaucoup plus bas là-bas qu’ici! De plus, notre structure de marché, avec ces avantages et inconvénients, protège nos compagnies et impose des règles aux étrangères.
Constat? Taxes, frais divers et autres auront raison de certaines compagnies qui voudront maximiser leurs opérations sur d’autres sols…une conséquence directe sur la concurrence et par conséquent sur les prix. Quelques comparaisons rapides suffisent pour comprendre l’impact des frais élevés sur un billet d’avion Montréal-Sept-Îles par exemple. Et si nos aéroports sont beaux et grands, le même billet d’avion coûte 83% plus cher ici que l’équivalent au sud de la frontière, selon une estimation d’Air Canada en 2015. Devant cet état de fait, Québec a accepté de se pencher sur le transport aérien régional, mais il y a d’autres défis.
À Montréal, l’aéroport connait une forte croissance, mais attire peu de compagnies low cost et ultra-low-cost, favorites des jeunes voyageurs. Les voulons-nous? Le service sera-t-il à la hauteur des attentes? Pour le moment, qui y gagne au change? Burlington, Plattsburgh? L’aéroport international Jean-Lesage de Québec vient d’inaugurer l’agrandissement de son aérogare. Elle est superbe, mais les compagnies ont souvent évoqué des frais trop élevés pour la desservir.
À qui la faute? On ne peut reprocher aux aéroports de faire leurs frais, ni aux compagnies aériennes de faire des profits. Par contre, on peut se demander si le consommateur en a pour son argent.
On fait quoi maintenant? On se parle! Directions aéroportuaires, transporteurs, villes, paliers de gouvernement et autres acteurs impliqués du milieu ont le devoir de se concerter. Parce que si nous connaissons les principales entraves à un marché plus ouvert, plus performant, nous convenons encore plus de l’importance de la vitalité de ces infrastructures pour nos économies.
Et qu’il s’agisse d’un réaménagement de la taxation, d’une révision des frais et redevances imposés aux transporteurs ou d’une implication plus directe des paliers de gouvernement, en bout de piste, nous devons le faire pour garder le cap sur notre priorité absolue : les voyageurs ! La raison d’être derrière ces services !