Pour que tout baigne...

Il y a quelque temps, un collègue responsable de nos services-conseils automobiles me parlait du phénomène des calendriers d’entretien de plus en plus espacés que proposent les constructeurs. Parce que cet échange m’a particulièrement interpellé, j’ai pensé le prolonger en quelque sorte avec vous.
Il est révolu le temps où, à la station-service au moment de faire le plein, le pompiste nous lançait un « on vérifie l’huile avec ça ? ». On remplit soi-même son réservoir d’essence et on laisse le reste du travail à son atelier mécanique… qu’on fréquente de moins en moins souvent, puisque les calendriers suggèrent des entretiens tous les 8 000, 12 000 et même 25 000 kilomètres.
Le hic dans tout ça, m’expliquait ce même collègue, c’est que, en suivant les recommandations du constructeur, on en vient à oublier ces vérifications usuelles qu’on faisait plus proactivement jadis – ou avec l’aide du préposé de la station-service. Par exemple, j’avoue être moins assidu pour la vérification de ma jauge du niveau d’huile. Interrogez à ce sujet vos proches, vous serez surpris : on a relâché la vigilance ! Je parle de l’huile car les impacts sont grands pour le moteur, mais on pourrait parler ici de toutes ces vérifications à faire régulièrement : niveaux adéquats des liquides (ou fuites possibles), pression des pneus, état des feux et phares, etc.
Une simple vérification éclair faite par les patrouilleurs d’Assistance routière de CAA-Québec en janvier 2014 sur 302 véhicules a permis de constater que 34 % d’entre eux présentaient un niveau d’huile moteur insuffisant. Il manquait même un litre d’huile et plus pour 10 % des véhicules. Or, il est fréquent qu’un moteur consomme de l’huile, même lorsqu’il est neuf. Il est donc important d’être vigilant. Les conséquences peuvent être coûteuses en cas de bris directement lié à un manque d’entretien. La garantie pourrait ne pas s’appliquer puisque c’est une clause d’exclusion plutôt universelle.
Voilà qui m’a fait réfléchir. Les véhicules sont conçus pour durer plus longtemps que jamais, mais si on en néglige l’entretien de base, ils risquent de flancher prématurément. Pourtant, l’auto figure parmi les plus grosses dépenses pour la majorité des consommateurs. Faut-il blâmer l’industrie de vouloir affranchir les automobilistes de certains de leurs devoirs ? Pas nécessairement. Si, par contre, elle encourageait davantage les bonnes pratiques à suivre, ne serait-ce qu’en faisant la sensibilisation nécessaire dans la documentation remise à l’achat et dans les discours de ses représentants, ce serait un pas dans la bonne direction. C’est ce que fait d’ailleurs CAA-Québec dans la section auto de son site Internet (caaquebec.com) et par l’entremise de ses servicesconseils automobiles.
Quant à moi, je compte bien renouer avec ma bonne vieille jauge. Au fond, quand tout baigne, on peut rouler l’esprit encore plus tranquille !
Richard Lachance
Président et chef de la direction