À garder sur nos radars

Publié le 8 septembre 2015

Cet automne, 36 nouveaux radars photo devraient s’ajouter aux 15 déjà installés en 2009. Une bonne initiative ? Oui. Les radars photo et les caméras aux feux rouges, alliés à diverses mesures, ont contribué à améliorer le bilan routier. Jugez-en par vous-même : les 488 décès et 2 293 blessés graves de 2010 ont cédé la place à 336 et 1 573 en 2014. J’aimerais (comme vous) que ces résultats continuent à fondre. Les nouveaux radars photo devraient nous y aider.

Il faut aussi le reconnaître, le gouvernement du Québec a su bien gérer, et avec transparence, leur implantation initiale. Des exemples : les emplacements des appareils de surveillance reposent sur des critères précis et, sur le terrain, la signalisation est bien visible – rien à voir avec des « trappes à tickets » dont les automobilistes seraient purement victimes !

Il semble donc − et c’est une lecture réaliste − que l’efficacité comme l’acceptabilité sociale ont été au rendezvous. Cela dit, un important volet passe sous le radar : les sommes accumulées au Fonds de la sécurité routière depuis 2009. Au fait, connaissez-vous ce Fonds ? Constitué des amendes perçues grâce aux appareils de surveillance, il a été créé à la fois pour les financer, les entretenir et pour soutenir le Programme d’aide financière pour des mesures de sécurité routière et d’aide aux victimes de la route. Le hic, c’est justement que l’emploi des sommes recueillies est au point mort : des dédales administratifs et politiques ont, en quelque sorte, figé les millions recueillis.

C’est ainsi que, six ans après l’arrivée des radars et trois ans après l’élaboration du Programme, aucune mesure d’aide aux victimes ni initiative de sécurité routière n’ont (hélas) vu le jour. L’attente se prolongera-t-elle encore, alors que radars et caméras vont se multiplier ? Avec un potentiel de 170 sites de surveillance − en raison de la mobilité de certains appareils −, je ne joue pas les devins en prédisant que le Fonds de la sécurité routière connaîtra une poussée de croissance...

N’est-il pas temps de faire profiter la communauté des sommes récoltées ? Le Programme est une partie intégrante du projet des radars photo. Le gouvernement doit le mettre en oeuvre au plus vite pour que le recours aux technologies de surveillance conserve tout son sens ; c’est dans ce contexte que les installations, actuelles et nouvelles, serviront l’ensemble de leur mission. Vous serez d’accord avec moi : sur des sujets aussi cruciaux que la sécurité routière et la gestion des fonds publics, l’efficacité et l’acceptabilité sociale ne sont jamais acquises pour toujours. Bref, gardons l’utilisation du Fonds... sur nos radars ! ■

Pour en savoir encore plus, consultez objectifsecurite.gouv.qc.ca.

Richard Lachance

Président et chef de la direction